dimanche 18 décembre 2011

David Bowie - The Rise and Fall Of Ziggy Stardust ou "Comment atteindre l'orgasme musical"





David Bowie a cela de fascinant qu'il semble parcourir les décennies sans être marqué par le temps. Serait-il, à l'instar d'Iggy Pop, de Mick Jagger ou de Michel Drucker, de la célèbre race des Immortels? Sa carrière est telle une comète brillante, un trait de peinture scintillant marquant la voie lactée pendant une période donnée, puis, disparaissant totalement à travers l'espace froid et vide, loin de nous. Et nous, d'avoir le sentiment, la certitude absolue, que cet astre filant reviendra nous saluer, que ce n'est qu'une question de temps. En fait, la carrière de Bowie alterne entre des périodes fastes, alliant succès critiques et commerciaux, et des moments d'oubli, de toxicomanie, de vide artistique, de paranoïa et de propos douteux. Ziggy Stardust fait parti de cette première période bénie qui a vu Bowie enchainer trois albums tout simplement monstrueux. Hunky Dory en 71, Ziggy Stardust en 72, Alladin Sane en 73.

lundi 5 décembre 2011

Serge Gainsbourg - Love On The Beat ou "Comment faire un dernier bras d'honneur avant de sortir par la grande porte"


Aussi loin que je remonte dans le catalogue de mes haines, les années 80 constituent probablement l’une des choses qui m’horripilent le plus, musicalement parlant. Mais il y a pire ! Il y a les années 80, en France ! Ce fut l’âge d’or des Indochine ou autres Téléphone qui se prenaient (se prennent encore) pour des vedettes et des âmes sensibles incomprises, vouées à cracher leur mépris dans le premier micro venu et à faire mourir l’âme en peine des auditeurs trop jeunes pour comprendre qu’on leur vomit une merde sans nom dans les oreilles. Car oui mes chers compatriotes, je ne veux pas faire mon Jean-Pierre Coffe, mais "Bob Morane dans la vallée infernale", c’est de la merde. Faire une liste exhaustive serait un combat perdu d’avance contre la nausée qui me prend à la simple pensée de ce son synthétique, de cette réverbération exagérée et de ces voix de décervelés jouvenceaux. Les années 80 marquent pour moi, l’arrêt de l’évolution humaine en termes de renouveau musical. Jusque là, même si la musique allait en se simplifiant, on avait encore des artistes extraordinaires, capables de masses de travail considérables pour arriver à faire quelque chose de correct. Désormais, il est possible de ne rien savoir faire et de n’avoir rien à dire pour être produit et vendu en masse. Les années 80 marquent la fin d’une ère foisonnante. La musique s’en remet seulement aujourd’hui, près de 30 ans plus tard mais on est encore loin de l’abondance et de la richesse musicale qui semblaient pérennes dans les 70s ou avant.

Alors avec tout cela, vous allez me dire, pourquoi ai-je choisi de vous parler aujourd’hui d’un album produit durant cette période noire de la musique moderne, et cela en France ? Tout d’abord, dire qu’il n’y a eu que de la merde à partir de 1980 serait inconsidéré. D’abord, il y a aussi eu des choses seulement mauvaises, mais n’oublions pas que les artistes qui sévissaient en 1970 ne sont pas subitement morts le 31 décembre 1979… Parmi ceux-là, Serge Gainsbourg n’allait pas tarder à réaliser que cette époque n’avait plus rien à lui offrir mais il ne nous quitterait pas sans larguer une dernière petite bombe dont il avait le secret.

lundi 21 novembre 2011

Justice - Audio, Video, Disco ou "La revue croisée des Humeurs"


J'aime Justice. J'ai découvert ce groupe, comme la plupart des gens, avec le clip "D.A.N.C.E" réalisé par So Me, le directeur artistique du bouillonnant label Ed Banger. J’ai été élevé à la techno minimale, et je ne suis pas comme tous ces élitistes qui crachent sur un son electro dès qu’il présente une once de rock et de saturation. Des gens qui écoutent une musique qui prend ses racines dans l’échange et le partage, et pourtant qui font preuve d’une infinie fermeture à ce niveau.

En 2008, le groupe est entré dans une autre dimension avec la tournée de leur live A Cross The Universe. Sur le modèle des Daft Punk, ils ont repris leur album entier, l’on remixé, trituré, fait frire, rotir, et ont pu transformer un album studio ou un folle expérience live comme il en existe peu. Au cours d'un documentaire dantesque sur leur tournée US, l’image d'un spectateur me revient, suant de bonheur à la sortie d'une de leur prestation:  "This music is the new rock-n-roll man!" Pour moi, il n'était pas loin de la vérité.

lundi 7 novembre 2011

Buena Vista Social Club - Buena Vista Social Club ou "Comment des papis font plus que résister"


Au cours des nombreuses pérégrinations musicales auxquelles j’ai eu l’extatique bonheur de participer, aux milieux de personnalités aussi diverses que variées, j’ai souvent vu ces mêmes personnes s’opposer des genres musicaux dans des débats aussi creux que ce qu’ils étaient engagés. Ainsi, les fans de jazz méprisent les gens écoutant de la musique populaire tout comme les amoureux de classiques les méprisent tous autant qu’ils sont. Malgré quelques surprises (un fan de métal s’amusant à faire de l’électro minimaliste ou de la folk psychédélique à ses heures perdues), force est de constater que tous les univers musicaux sont opposés par les esprits forgés à coup du bulldozer des  fines lames ayant inventé le marketing tribal. Le cœur meurtrit à la vue de personnes que j’affectionne dénigrant les uns ou les autres sous prétexte qu’ils ne sont pas du même bord, je me mis donc en quête d’une solution. Se pouvait-il qu’il existe un genre de musique qui permettrait de voir un jour un fan de Paul Kalkbrenner tenir la main d’un amoureux de Coltrane, ou de voir une personne ayant l’habitude de pleurer sur du Nick Drake prendre dans ses bras un fan de David du Ghetto ? Bizarrement, ma quête d’une telle harmonie fut brève. Il existe en effet un genre musical capable de ravir les amoureux de classique et ceux qui veulent danser. J’ai d’ailleurs assisté à ce moment d’harmonie dans l’un des théâtres les plus beau et pieux de la musique classique.

Alors qu’il est effectivement peu commun de voir la foule guindée du Royal Albert Hall de Londres se dresser sur ses pâtes arrière et danser, j’ai ainsi vu le miracle se produire. Il faut comprendre que c’est d’une salle au combien mythique d’où s’échappent régulièrement  les notes d’une symphonie égarée à laquelle seuls quelques nantis embourgeoisés  ont le privilège et les moyens d’assister, le postérieur vissé dans les fauteuils calfatés de velours sombre et doux. Et lorsque ceux-ci s’y rendent, ils prennent bien garde de garder les fesses bien serrées afin que le ballet qui se loge dans leur for intérieur depuis des lustres ne s’en échappe pas. Le plus beau dans tout ça, c’est que, ce soir là, les personnes sur scène faisant danser les nantis comme jamais, étaient quelques années auparavant de pauvres gens, méconnus et abandonnés à leur triste sort, qui étaient tout simplement heureux d’être enfin là où ils devaient être.

dimanche 23 octobre 2011

Jaco Pastorius - Jaco Pastorius ou "Comment l'arrogance devient un moteur du génie"



L’arrogance est un trait de caractère trop souvent perçu comme étant négatif par des esprits étroits dont la vision ne dépasse pas le quotient intellectuel d’un Ribery en rut. Toutefois, elle peut receler de surprises étonnantes et parfois d’une incapacité chronique à communiquer, voire d’un manque flagrant de confiance en soi. Prenons le cas de Jaco Pastorius. Cet énergumène aux allures de clochard céleste et au regard d’un lamantin échoué sur les plages de Bornéo, est au demeurant peu connu du badaud banal et pataud. Pourtant, il se cache sous ce bonnet aux couleurs vives et cette allure de singe maigre un esprit indomptable dont le firmament aura brulé si fort que les autres ne s’en seront même pas aperçus. Pastorius était pourtant sûr de son talent et ne s’est pas privé de le faire remarquer aux quelques pontes de la musique moderne de l’époque. C’est ainsi qu’il se rendit un jour avec sa basse sous le bras sonner aux portes de ceux qui étaient alors considérés comme des savants fous de la musique et du jazz, ceux qui n’avaient cure des règles et des conventions traditionnelles et qui se risquèrent ainsi à mélanger du jazz et des tempo rock dans un tout décapant mais parfois décevant qu’ils appelèrent « fusion ». Parmi ceux-là, Weather Report était reconnu comme LE groupe précurseur. Malheureusement (ou pas) pour notre cher Jaco, ils étaient déjà fort d’un bassiste connu et reconnu comme étant l’un des meilleurs.

Un beau matin, alors que les alizés soufflaient sur le Los Angeles des années 70, Jaco se présenta à la porte des Weather Report leur expliquant assez promptement qu’il était le meilleur bassiste du monde. Ceux qui étaient riches et beaux se rirent de lui et lui claquèrent la porte au clapet. Mais là où les esprits trop fins ne voient qu’arrogance et folie, le gentil lui, se dit qu’ils n’avaient pas dû bien se faire comprendre. Il revient donc le lendemain, un jour ensoleillé comme on en fait tant sur la West Coast des United States. Il toquât, on lui ouvrit, il se représenta, expliquât de nouveau qu’il était le meilleur bassiste du monde et que par conséquent, on aurait surement besoin de lui ici puisqu’on pratiquait la meilleure musique du monde. On rit de nouveau et on lui dit d’aller voir ailleurs si les poules avaient des dents. Au matin du troisième jour, et après la même cérémonie pompeuse, les membres de Weather Report invitèrent notre héro à démontrer ce qu’il avançait depuis maintenant trois jours. Il s’exécuta, fermant ainsi le clapet des méchants qui ne l’étaient pas, et offrit par là même un bon de sortie au bassiste alors en place. En effet, il s’avéra qu’il était bel et bien le meilleur bassiste du monde.

lundi 10 octobre 2011

Rétrospective nombriliste: l'Oeuvre de Spada



Dans le registre "les blancs ne savent pas sauter", ou "les anglais sont gros et laids", il y a quelque chose qui me botte: finalement, les italiens savent-ils faire de la bonne musique? Ou plutot, une certaine partie des italiens est-elle profondémment attachée à la bonne musique, celle qui touche le coeur et les tripes? Celle qui ne passe pas sur NRJ entre deux blagues pourries de cet immonde porc suant qu'est Cauet et toute sa clique de faux-gays et de blondes, qui ne servent à rien d'autre qu'à faire semblant d'être farouches alors qu'en fait leur culture générale est largement dépassée par celle de Benjamin Castaldi?

J'ai vu Videocracy, il y a de cela un an. Ce documentaire est incroyable. C'est une plongée au coeur du système Berlusconi, du point de vue des média. On y voit les conséquences de la mise en place d'un effroyable système médiatique, l'avènement absolu d'une Trash TV odieuse, ou des animateurs dégueulasses sont entourés de "Velinas", ces charmantes demoiselles un peu bonnes, un peu connes, dont le rêve est évidemment d'épouser un footballeur de Serie A. Bref, ce système broie et tue dans l'oeuf toute vélléité culturelle, tout risque artistique. Aujourd'hui, des millions d'italiens ne rêvent que de passer à la télé, pour connaître une célébrité éphémère et superficielle, vide, destructrice.

lundi 26 septembre 2011

Nick Drake - Five Leaves Left ou "Comment définir les deux courants musicaux principaux à travers une dépression nerveuse"



Au cours d’une discussion entre amis fort animée et passionnante à laquelle j’ai récemment eu la chance de prendre part, lors d’une des ces nuits chaudes et interminables d’un été crépusculaire laissant place peu à peu à la rousseur d’un automne moite, mes amis et moi-même avons donc eu le plaisir délectable de débattre au sujet de la musique. Il y était question grosso modo de définir la musique dite « mainstream ». Traduisez dans la langue de Molière et de BHL : courant principal en opposition au courant alternatif moins diffusé sur les canaux de grande écoute. Nous nous demandions si la musique commerciale avait toujours été aussi mauvaise et dépréciée des vrais amateurs de musique que nous sommes, de ceux à qui on ne la fait pas parce que vous comprenez, moi la musique je sais ce que c’est, j’en ai vu une fois de la vraie alors bon, moi on me la fait pas.

Sauf qu’en remontant un petit peu le cours de l’histoire, c’est avec stupeur que nous réalisâmes que le rock and roll que nous vénérons, le vrai, pas celui des White Stripes, celui des Hendrix, Pink Floyd ou autres Bob Dylan. Eh bien ce rock and roll là était à cette époque une musique « mainstream », une musique commerciale que les amateurs de jazz laissaient aux jeunes écervelés enamourés des Beatles ou de Mike Brant. Pire ! C’est avec effrois que nous comprîmes également que le jazz lui-même fut en son temps une musique populaire que les amateurs de classiques dénigraient. Ainsi et devant ces constatations effarantes, il était impossible de ne pas en conclure que dans 10, 20 ans, les Britney Spears et Lady Caca seraient adulées et considérées comme des artistes, des vrais, pas comme la daube qu’on nous servira en ce temps là. Force est de constater également que la musique va en se simplifiant puisqu’en parallèle, elle est accessible à de plus en plus de personnes. Par conséquent, la démocratisation de l’art ne va pas sans une simplification qui le mène à une autodestruction inéluctable.

lundi 12 septembre 2011

Bot'Ox - Babylon By Car ou "Comment créer un moteur rock avec un alliage techno"


La publicité a beau représenter la quintessence de ce que l’homme peut faire de pire, on y trouve parfois des idées intéressantes et une certaine recherche artistique qui ne laisse pas indifférent (je tiens quand même à être clair : cela reste rare ; 95% des réclames restent de la sous-merde en barre, et laisse l’étudiant en Marketing que je suis totalement indifférent).
C’est donc en voyant une pub fort sympathique pour Peugeot que j’ai découvert une musique fort sympathique, et par la suite un groupe fort sympathique : Bot’Ox. En tant que mélomane électronique – ou électricien mélomane, j’ai tout de suite accroché à ce petit beat sorti de nul part, ressemblant au bruit d’un coup frappé sur un tuyau de plomberie digital.

Benjamin Boguet (aka Cosmo Vitelli) et Julien Biffraz (moitié de Tekël) forment le groupe Bot’Ox. Après quelques EPs sur leur label I’m A Cliché, ils s’essaient fin 2010 au grand format avec 11 titres et un album centré autour du monde de l’automobile d’une esthétique rare. Une alliance superbe entre electro, rock et pop langoureuse. Procédons au contrôle technique.

lundi 29 août 2011

Andrew Bird - Noble Beast ou "Comment nous redonner espoir dans la musique moderne"


« Le talent n’existe pas. Seul le travail compte » disait un jour Michel Petrucciani. Et si on se verrait bien pendre ce nabot par les pieds pour ces mots dignes d’un pétainiste avéré tant il est bouffi de talent voire même de génie, force est d’admettre qu’il n’a peut-être pas tout à fait tort. Pour démontrer la véracité de cette affirmation, il suffit d’une simple expérience. Prenez n’importe quel artiste dit « talentueux ». Portez-le à ébullition et épluchez toute forme d’autosatisfaction, de complaisance gluante et d’orgueil mal léché. Si l’artiste est toujours là, alors vous pouvez poursuivre l’expérience. Sinon, c’est qu’il s’agissait d’une coquille vide, d’imposteur en somme. Penchez-vous ensuite sur la vie dudit artiste et sur son parcours initiatique. Vous constaterez alors que derrière ce que vous pensiez être un talent fou se cache un travail considérable.

mardi 23 août 2011

Beethoven - 6ème Symphonie dite "Pastorale" ou "Comment faire de la musique classique moderne"


S’il y a bien un pays dont on ne parle pas beaucoup dans la musique moderne, c’est l’Allemagne et ses contrées verdoyantes. Et pour cause ! nos amis teutons ont rarement raflé la mise au cours du siècle en cours ou même du précédent et c’est pas les Scorpions, Motorhead ou autres Nina Hagen qui vont me contredire... Mais si j’ai envie de vous parler de ce pays méconnu et décrié aujourd’hui c’est pour une toute autre raison. Tout d’abord, ma chère et tendre est native du pays en question ce qui constitue une raison nombriliste, certes, mais vous étiez prévenus donc bon… Ensuite, l’Allemagne a vu naitre un nombre incalculable de génies musiciens au cours des siècles et une fois n’est pas coutume, j’ai choisi de vous parler de l’un d’eux aujourd’hui. Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps, on va parler de musique classique et je vous vois venir de très loin… « eh le classique c’est pas de la musique moderne ! eh pis c’est nul, c’est pour les bourges qui se parfument etc, etc… ». D’un côté, vous n’avez pas tout à fait tort. D’un autre, vous ne savez même pas de qui je vais parler, donc je serais vous, je me tairais et je lirais (et bam…). En effet, l’illustre génie dont il est question dans cette chronique n’a rien d’un has been mes agneaux puisqu’il s’agit de Beethoven et parmi les innombrables qualificatifs qui peuvent décrire le bonhomme, l’un de ceux qui vient le plus à l’esprit, après « sourd », c’est bel et bien « moderne ». Qui plus est, nous allons aborder ensemble la 6ème de Beethoven, dite « Pastorale » c'est-à-dire champêtre, simple, belle. Rien à voir avec Wolfgang Amadeus Bradwurst, alias « la saucisse de Salzbourg ».

lundi 15 août 2011

Paquito D'Rivera - Brazilian Dreams ou "Comment fuir un régime autoritaire afin de mieux promouvoir sa culture nationale"


On pourrait penser aujourd’hui (si la télévision ne nous a pas encore totalement lessivés…) que tout en ce bas monde est cause perdue, que rien n’en vaut vraiment plus la peine, que partout où l’on regarde, on ne voit que corruption et égoïsme. Pourtant, il existe une terre sacrée, baignée par le soleil et les vents que la société de consommation n’a pas encore frappé de son joug infernal. Et pour cause : un général en garde les frontières avec plus ou moins de vigueur depuis de nombreuses années. Pour de nombreux musiciens de jazz et d’ailleurs, Cuba a constitué un vivier de musiciens au talent certain bercés par une musique hors norme et titillés par un jazz américain pas si lointain. C’est par exemple le cas d’un musicien et artiste exceptionnel. Paquito D’Rivera, fils de musiciens, se construit rapidement une réputation de saxophoniste et clarinettiste prodige sur son île.

Là où ça devient intéressant, c’est que dans les années 80, D’Rivera décide lors d’une tournée en Espagne, de demander asile à l’ambassade américaine, laissant derrière lui femme et enfant. Une fois à New York, il parvient à extrader sa famille et à reconstruire sa vie grâce à des membres de sa famille mais également une communauté de jazzmen sûrs de son talent parmi lesquels on retrouve un certain Dizzy Gillespie, toujours présent lorsqu’il s’agit d’enrôler les meilleurs musiciens fumeurs de havanes de la planète. Au cours des ans, le talent de Paquito parle de lui-même et sa réputation grandit à une vitesse folle. Il devient rapidement une référence tant dans le monde du jazz que du classique.  C‘est au début des années 2000 que le cubain virtuose enregistre un live hors du commun accompagné des New York Voices pour un mélange des genres et des cultures propre à la tradition cubaine. Ce qui en ressort est ce Brazilian Dreams sensationnel.

lundi 8 août 2011

José González - In Our Nature ou "Comment un biochimiste laisse libre cours à l'artiste qui sommeille en lui"


Vous l’aurez sans doute compris, réalisé, vu (raillez la mention inutile), dans notre univers musical actuel, deux grandes catégories se distinguent : la musique dite « électrique » et la musique « acoustique ». Ce que je reproche parfois à la première catégorie, c’est que, bien souvent, les musiciens et artistes moins talentueux ou plus fainéants tentent vainement de cacher leurs lacunes sous un amas de sons en tous genres et sous une technologie traître. En effet, ceux qui pensent pouvoir dissimuler leur manque criant de talent sous une saturation démesurée ou des effets disco se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Je fais plus particulièrement référence à ces pseudos rock stars en short qui pensent jouer fort alors que si on écoute bien, tout ce qu’on entend dans leurs guitares saturées, leurs cymbales résonnantes et leur voix de merlu frit, tout ce qu’on entend disais-je donc, c’est du vent. Un souffle continu qui semble vouloir repousser la musique le plus  loin possible afin qu’elle disparaisse définitivement de notre horizon auditif. Mais je vous vois venir jeunes accros de l'électrique ! Il serait bien réducteur de s’arrêter là quand des génies de la musique moderne ont révolutionné leur monde à l’aide de ces mêmes effets : Hendrix bien sûr mais aussi les Floyd, Led Zep ou encore Police sont des exemples parfaits d’une musique pure que les volts n’ont rendue que meilleure. Plus récemment, on pourra citer des groupes merveilleux qui explorent les capacités de leurs petits appareils. On pourra par exemple penser à Ex’Odd et à leur guitariste plus efficace qu’un Gilmour sobre, à leur bassiste aux effets d’outre tombe ou encore à leur violoniste, véritable chimiste musicale ambulante.

lundi 1 août 2011

Bob Dylan - Highway 61 Revisited ou "Comment passer d'idole à ennemi public n°1"



Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, dans le monde de la musique moderne, Bob Dylan a créé l’exploit et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, et je suis assez souvent surpris de constater que peu le savent : Dylan est VIVANT ! Il n’est pas mort d’une overdose dans les années 80 ou étouffé dans son vomi dans les 70s. Le Zimm’ a survécu à toutes les décennies meurtrières du siècle dernier et de celui-ci. Ensuite, il est important de savoir que le troubadour maigrichon a suscité dans les années 60 autant voire plus d’engouement que les quatre Beatles réunis. Seulement, à la différence de ceux-ci, Zimmerman n’a jamais été un produit et a toujours refusé de se conformer aux règles imposées par les maisons de disques ou les médias. Il est resté fidèle à lui-même du début à la fin, et fort lui en a couté. Après trois albums en deux ans, Bob Dylan est devenu une icône de la musique folk, le symbole d’une génération américaine alors en pleine mutation. Les jeunes commencent enfin à s’exprimer et à protester contre le paternalisme puissant imposé par leurs ainés au début des années 60 et le folk est le vecteur idéal de cette rébellion. Un jeune gringalet d’une vingtaine d’années seulement surprend tout le monde par sa maturité et ses textes puissants et devient en quelques années la figure de proue d’une révolution en marche. Seulement voilà, la figure en question voit son succès grandir de façon vertigineuse sans trop avoir à faire quoi que ce soit. Lui-même ne se considère que comme un entertainer, un chanteur, et non comme un trublion. En 1964, il décide de commencer à introduire des instruments électrique et un groupe à sa musique folk et se met à écrire des chansons plus imagées mais au sens moins idéologique (traduisez : il se drogue). Le succès ne le quitte pas et il enfonce définitivement le clou l’année suivante avec ce Highway 61 Revisited.

lundi 25 juillet 2011

Syd Matters - Ghost Days, ou "Comment la France est-elle encore capable de produire autre chose que des produits de terroir"


Pour ceux qui, comme moi, ont eu la chance d’être nés dans ce magnifique pays qu’est la France, et qui ont ainsi eu l’immense privilège d’être bercés par des chansons de Michel Sardou, Maurice Benguigui ou autres Serge Lama qui nous ont tant fait saigner les oreilles et nous ont donné envie de vomir, la musique française est sûrement une cause perdue. Alors bien sûr on pourra citer des monuments que sont les Jean-Michel Jarre, Emile et Images ou encore Laurie mais on s’aperçoit vite que dans le paysage pop en France, il vaut mieux être sourd que d’entendre ça. On aura ainsi la joie indicible de voir un Obispo parler de créativité (si si je vous jure…) ou un Johnny Halliday nous prendre aux tripes avec ses textes engagés. Cependant, en prenant un tant soit peu de recul, on constate vite et amèrement, que ces musiques nous sont presque imposées par le dictat du circuit dit « commercial », par les radios dites « populaires » et toutes ces entreprises qui prétendent donner aux gens ce qu’ils attendent quand en fait, on leur marque les oreilles au fer rouges dés la naissance et on les abreuve d’une boue insalubre jusqu’au vomissement cérébral intégral et à la lobotomie intellectuelle. Le but de tout cela  est assez simple : il s’agit de vendre, de vendre en masse à des prix en constante évolution et pour cela, il vaut mieux pour eux qu’on ait le quotient intellectuel d’une brebis plutôt que de se rendre compte qu’Hélène Ségara ne sait en fait pas chanter ! Il n’y a donc aucune différence entre le dernier CD de Mylène Farmer et un produit laitier quelconque encore que ce dernier est relativement utile et ne vous donnera une diarrhée aigüe qu’au-delà de sa date de péremption.

Mes chers amis, mes lecteurs, mes chéris, il existe une solution. Pire ! Cette solution est même disponible en France et ne nécessite pas que vous vous coupiez les oreilles! Le circuit indépendant n’est lui sous le joug d’aucune entreprise malfaisante. Du coup il dispose de revenus réduits ne lui permettant pas d’imposer aux autres ce qu’on peut tranquillement découvrir tout seul. Syd Matters fait partie de ceux qui travaillent dans l’ombre. Lentement, tranquillement ils affinent, polissent, créent une musique originale, fraiche, intelligente et magnifique. Après deux albums et une musique de film, ils reviennent, en 2008, avec Ghost Days, qui est pour moi, un pur chef d’œuvre.

lundi 18 juillet 2011

Michel Petrucciani featuring Jim Hall and Wayne Shorter - Power of Three, ou "Comment nous faire détester un peu plus les suisses"


Vous n’êtes pas sans savoir que la musique appartient à une poignée de privilégiés et si vous avez lu mon article sur le magnifique Miles Ahead, vous savez que ces privilégiés sont suisses et riches. Le disque dont j’ai choisi de parler aujourd’hui répond une nouvelle fois à cette affirmation tout comme la lignée de disques et enregistrements qui ont été produits lors du fameux festival de Jazz de Montreux. Ce soir là, trois légendes étaient réunies pour une nuit d’exception : Jim Hall à la guitare (qui m’était avant cela totalement inconnu je dois bien le reconnaître…), Wayne Shorter au saxophone et Michel Petrucciani représentant les couleurs de la France et du Fort Boyard. Outre les légendes que sont déjà Wayne Shorter et Jim Hall en 1986, lors de l’enregistrement, j’aimerais m’attarder sur le petit Petrucciani.

Le natif d’Orange est frappé depuis la naissance d’un handicap, une ostéogénèse imparfaite. Né au milieu d’une famille de musiciens, Michel n’a eu de cesse tout au long de sa courte existence de répéter qu’il ne croyait pas au talent, au génie mais au travail. Etudiant tour à tour le classique et le jazz, étant privé d’une vie normale du fait de sa condition, Petrucciani s’est bâti au fil des ans un style et un jeu particulier pour en arriver un jour à révolutionner complètement le piano, le jazz et la musique en plus ou moins 20 ans… Même un Miles Davis vieillissant et en fin de course refusera de prendre le jeune Michel sous son aile de peur de gâcher le talent brut du pianiste nain avec ses dernières productions. Il faut voir par exemple les vidéos d’un Miles agonisant sur Human Nature, une trompette rose bonbon aux lèvres et s’accompagnant de ce qui est probablement le groupe de Francky Vincent, pour comprendre qu’à cette époque, Davis n’en n’a plus rien à foutre…

lundi 11 juillet 2011

Gorillaz - Plastic Beach ou "Comment faire avancer les choses en ayant un succès commercial"


Parmi les ineffables désirs qui zèbrent mon imagination foisonnante, nul n’est plus fort que celui de voir un jour renaître l’époque bénie où tout, dans la musique et ailleurs, restait à être inventé, où les convictions avaient encore le pouvoir de lever les masses, et je ne parle pas seulement des deux ou trois boudins mal besognées qui prétendaient défendre la cause féminine. En effet, il fut un temps, mes chers amis, ou les gens de vingt ans en avait encore dans la caboche et dans le pantalon. Les écrivains écrivaient, les peintres peignaient, les animateurs télé n’étaient pas nés. Je parle d’une époque qui semblait dorée et que les gens de vingt ans ou plus, dont je fais partie, n’ont pas connu mais regrettent pourtant amèrement. On peut alors se demander ce qui pousse ma génération d’embourgeoisés drogués, à la mélancolie passagère d’un temps qui ne leur a été que raconté ? Pour répondre à cette question, que je suis assez content de m’être posée, il suffit d’observer l’évolution dans la création musicale, entre autres.

Depuis les balbutiements des enregistrements sonores jusqu’à l’aire du digital et du néant intellectuel, la musique a évolué d’une manière prodigieuse passant du classique romantique (en gros) au jazz, puis au rock and roll et à la pop musique. Il va sans dire que les raccourcis pris ici sont dignes des schémas rhétoriques d’une Caroline Fourest. Néanmoins, force est d’admettre que la musique n’a eu de cesse d’évoluer au cours du temps pour finalement commencer à stagner dans les années 80 puis progressivement régresser vers d’infinie bassesses devant lesquelles un Coca équivaut à un grand St Emilion et où le porno se range parmi les films de genre… Bien que, les jours de solitude où mon regard se trouble devant quelques courbes généreuses, la bouche sèche et la main tremblante! je ne renâcle pas à l’idée d’attraper une bouteille de Cola et m’en servir un verre, je ne perds pas de vue les valeurs qui sont les miennes. Et quelles sont-elles ces valeurs ? Eh bien qu’en bons êtres humains que nous sommes, nous nous devons d’évoluer et non pas de régresser, que ce soit en musique, en politique ou en genre cinématographique quelconque…

lundi 4 juillet 2011

Led Zeppelin - Led Zeppelin II ou "Comment assurer la succession des Beatles et de Jimi Hendrix"



Moins d’un an après l’enregistrement de son premier opus, Led Zeppelin, le super groupe enregistre un monument du rock&roll alors même qu’il est en pleine tournée. En l’espace de quelques mois, il a obtenu avec son premier album un succès mondial et a déjà entamé une tournée majeure aux Etats-Unis et en Europe. Le rock&roll bat son plein, Hendrix vit encore (pour quelques temps seulements…) et la mode est au son lourd et aux riffs furieux. C’est dans cette optique que le super groupe Led Zeppelin s’est créé. Je dis bien « créé » et non pas conçu ou quoi que ce soit d’autre parce qu’il ne s’agit pas là d’un groupe d’amis découvert dans une cave lugubre de Liverpool ou d’ailleurs mais de l’envie de deux musiciens de studios géniaux de créer quelque chose qui leur serait propre, un son nouveau.

Ces deux musiciens ne sont autres que John Paul Jones, le bassiste et Jimmy Page. Ce dernier joue alors dans un groupe de Rhythm & Blues anglais baptisé les Yardbirds où il remplace le guitariste sortant, un certain Eric Clapton, et duquel il sera lui-même remplacé par Jeff Beck. Page et Jones se connaissent de l’époque où ils étaient de simples musiciens de studio. Page est alors un des guitaristes les plus talentueux de son époque. Il apporte sa contribution sur des enregistrements des Beatles, des Stones et de bien d’autres, mais il a envie de quelque chose de nouveau. Il rejoint son compère bassiste et tous deux se mettent en quête de trouver un chanteur blues et un batteur qui tiennent la route parmi leurs nombreuses relations. C’est chose faite avec Robert Plant et John « Bonzo » Bonham. Le super groupe est lancé…

Après un premier opus tranchant mais peut être un peu trop lourd, le groupe s’est rodé et compose à tour de bras sur la route, enregistrant entre deux concerts ce qui reste un monument du rock.

lundi 27 juin 2011

Tom Waits - Orphans: Brawlers, Bawlers & Bastards ou "Comment faire de la poésie avec du laid"




Aujourd’hui, j’ai décidé de vous alpaguer, chers amis, et ce dans l’espoir plein d’orgueil de vous faire partager, que dis-je, vivre ! un moment d’une rare beauté, une révélation tardive même, pour être précis. On est dans des chroniques nombrilistes, donc quelque part, vous étiez prévenu, je fais ce que je veux.

J’étais alors un jeune rebelle, plein de verve et d’une révolte brouillonne envers tout et rien, c'est-à-dire tout ce qu’on me suggérait sournoisement d’aimer et de détester à travers la lucarne lumineuse de mon salon qui ramollissait mon cerveau à feu doux. Etant rebelle, j’émettais toutefois quelques réserves sur la soupe littéraire de Marc Levy et je renâclais à l’idée d’écouter le dernier album de Maurice Benguigui, rebaptisé Patrick Bruel, sans doute que cela sonnait plus show-business et que c’est ce qu’il faut pour faire mouiller les croupières de casino. C’était encore là l’époque où il m’arrivait de traîner dans quelques Virgin Megastores de la rue St Féréol, persuadé en ce temps qu’il s’agissait d’un temple de musique et de spiritualité. J’ai rapidement déchanté, je vous rassure, mais le monde n’étant pas complètement noir ni complètement blanc comme vous voulez, j’ai tout de même eu le bonheur de faire quelques découvertes opportunes sur ces étals et notamment celle que j’ai vaguement commencé de vous narrer ici.

lundi 20 juin 2011

Roy Hargrove -Earfood ou "Comment tenter de démocratiser le Jazz"


Je pense que vous suivez les Humeurs depuis assez longtemps, chers amis, et qu’il est désormais temps que je vous révèle un secret de polichinelle, habilement gardé… Le Jazz n’est pas mort. Eh non. Et loin s’en faut puisqu’il existe encore de nombreux musiciens de talents, vivants et même jeunes qui nous font l’honneur de continuer leurs efforts dans un genre sans fin. Pire ! On assiste même à une Renaissance du genre grâce à des artistes tels que de Roy Hargrove, trompettiste au talent et à la maîtrise impressionnante. Le bougre n’a pourtant qu’une quarantaine d’années et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’a pas chômé. Il compte à son actif la création du mythique RH Factor qui combine jazz, funk, hip-hop et un tas d’autres genres et compte de nombreuses collaborations, notamment avec le grand Brandford Marsalis. Il n’en est pas non plus à son premier coup d’essai puisque ce Earfood n’est autre que son 17ème album enregistré en tant que leader.

lundi 13 juin 2011

Van Morrison - Moondance ou "Comment faire de la folk qui groove"



Van Morisson est un de ces artistes assez peu connu en France mais mondialement reconnu. Il ne fait pas réellement partie de la ribambelle d’artistes troupiers venus des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne rivale qui ont trouvé leur place dans la culture et les oreilles francophones et pour cause : il s’inscrit dans la lignée des troubadours irlandais (du Nord en l’occurrence) et de l’écriture traditionnelle et folk de son pays. Pour autant, il serait réducteur de le limiter  à cette seule caractéristique. Van Morrison est en effet bien plus. Sa carrière solo débute à la fin des années 60, aux Etats-Unis où il a migré et va se poursuivre jusqu’à aujourd’hui, faisant de lui l’un des plus grand songwriters de tous les temps.

C’est en 1970, peu après son mémorable Astral Weeks que Van Morrison remet le couvert pour son 3ème album solo. Il est alors en pleine euphorie autant amoureuse que professionnelle. Il a signé depuis peu un contrat avec un label majeur (Warner Bros. Records) et vient de connaitre le succès avec l’album précédemment cité. Le bougre est donc en pleine baraka et décide même de se lancer dans la production de son disque. C’est accompagné d’un groupe de musiciens studio talentueux qu’il se lance dans les sessions d’enregistrement de ce Moondance qui se déroulent en toute décontraction. Il va en résulter un album plein de charme, de joie de vivre et musicalement impressionnant. 


lundi 6 juin 2011

Lanny May – Coloured Midi From Home / IRM Rec. ou « comment faire de la Techno émotionnelle ? »



Durant des années, Lanny May fût la moitié du duo de producteurs Allemands Davis & May. Pour faire simple, ces 2 gars ont supporté, amplifié, sublimé le mouvement Deep Techno qui commence à prendre l'ascendant en France et en Allemagne sur une Minimal parfois trop structurée.
Ils se sont séparés fin 2009, si je me souviens bien, après leur dernière production: SIX (un mini-album sublime de 6 tracks). C'est quelque chose qui m'a toujours attristé car ces mecs formaient le duo de production le plus avant-gardiste et le plus génial de la génération actuelle. Ils ne se sont pas pour autant arrêtés de produire, loin de là. Et heureusement.
Lanny a continué à sortir des tracks sur leur label initial, Maripoza et sur le label hollandais Cinematique Records dont j'aurai l'occasion de reparler. Tandis que Ryan Davis a multiplié les productions avec notamment des bombes hallucinogènes sur BackHome / Klangwelt / Absolutive Records / et IRM Rec. Nos amis d'IRM justement, qui réussissent l'exploit de rassembler nos deux ex compères sur un même label, alors que leur brouille semble plus profonde qu’une simple querelle artistique.
La golden team de Joff Logartz (Dawad, Traumer, Edward Henton, & friends), remuent régulièrement ses fesses entre Paris et Marseille, pour se produire du côté des nos amis de l'e-Wine Bar dans le sud, ou dans la dernière et wonderful Soirée Play d'Electric "King" Rescue. Elle nous livre régulièrement des EP furieux comme Narotron, Conversation With A Smoking Fish ou encore Team Session EP.
Après un premier mini album FABULEUX (Art Love Iam sur Maripoza Rec.) je peux vous dire que j'attendais avec impatience de me délecter du nouveau chef d'œuvre de Lanny. Et quand j'ai appris que ce serait un EP composé de cinq tracks, et signé par IRM, je dois dire que je n'étais plus très loin de l'orgasme. Une production de notre ami berlinois, c'est assez rare, donc ça se déguste. En effet, notre bonhomme, contrairement à son alter égo Ryan, se fait régulièrement languir. Lanny est quelqu'un qui prend sont temps, et ce tempérament se retrouve régulièrement dans ses morceaux.
Mon deuxième sentiment était qu’après Art Love Iam, qui était si parfait à mon sens, il me semblait difficile pour Lanny d’enchaîner une folie d’un même calibre.
Voici donc les quelques émotions que m'ont fait ressentir cet album. J'en ai traversé beaucoup.

mardi 31 mai 2011

Sufjan Stevens - Come On Feel The Illinoise ou "Comment rendre l'Etat de l'Illinois passionant"


Dans le monde dans lequel nous vivons, les hommes pressés et des assistés dont le cerveau a la vivacité d’une méduse nous entourent et il est difficile d’y échapper aujourd’hui. Il faut croire que les multinationales de l’empire ont pour unique stratégie de nous avilir et  de nous asservir en nous ramollissant le cervelet à l’aide de soupes tièdes sans goût ni odeur… Enfin, je suis un peu sévère car pour être honnête, ils cachent  l’arrière goût de pisse de leur soupe avec de moins en moins de soins. Il n’y a qu’à regarder le menu du jour pour comprendre qu’on nous prend définitivement pour des daubes au palais atrophié : de la brandade de Gaga suivie de près par du foie de Britney, bref, autant vous dire que selon moi, la malbouffe ne s’applique pas seulement à de la nourriture physique

Aujourd’hui j’ai donc choisi de vous parler d’une des nourritures intellectuelles et musicales les plus fines de cette décennie. J’avais déjà mentionné Sufjan Stevens à plusieurs reprises lors de mes élucubrations et il était grand temps que je m’y attarde proprement. Pour ce faire, je n’ai nul autre choix que d’aller à contre-courant de notre culture à grande vitesse et de prendre mon temps comme cela a été fait pour concevoir un tel bijou. C’est en effet ce qu’est ce Come on Feel The Illinoise. Il faut d’abord comprendre que cet album est un album dit « concept » puisqu’il contient des chansons se rapportant toutes au même thème. Ici, il est assez clair que l’on va aborder l’Etat de l’Illinois, à travers des chansons parlant de villes, personnes ou histoires prenant place dans cet Etat nord américain.

La seconde chose dont il faut être conscient ici, c’est que Stevens s’est enfermé pendant de longs mois et a affiné son œuvre quasiment seul. Il joue de presque tous les instruments et a produit l’entièreté de l’album. Enfin, il faut savoir que ce que l’on s’apprête à écouter ne ressemble à rien de connu et qu’il s’agit de quelqu’un qui a compris que, même à notre époque, pour avancer, il faut prendre son temps…

lundi 23 mai 2011

John Coltrane - Blue Train ou "Comment une vulgaire pierre se transforme en joyau"


Après avoir roulé sa bosse avec, entre autres, Dizzie « le crapaud » Gillespie et Miles « le boxeur » Davis dont j’ai déjà eu l’occasion de faire état auparavant, John Coltrane entre, en 1957, dans une année charnière de sa courte, mais riche, carrière musicale. Il est alors en pleine révélation spirituelle et s’est converti à l’Islam après son récent mariage. Il vient aussi de faire un break avec ses autres compagnes qu’étaient l’héroïne et l’alcool. Ayant dans l’idée de réunir un quintet, Miles flaire le bon coup et profite de cette sobriété nouvelle pour recruter le bougre au poste de saxophoniste et forme ce qui sera l’un des plus brefs, mais aussi le plus important, quintet de l’histoire du jazz. Il faut savoir qu’à cette époque, Coltrane est loin d’être connu et reconnu. Il est surtout perçu comme n’étant que la vulgaire monture chargée de mettre en valeur le joyau qu’est Davis. Il est même sifflé par le public parisien de l’Olympia qui ne comprend pas bien ce qu’essaie de faire ce grand dadet soufflant dans son tuyau de cuivre (en même temps, allez faire comprendre quelque chose à un Parisien…). Mais Miles et les autres ne tardent pas à réaliser que le trompettiste n’est plus l’unique bijou de la bande. En effet, c’est à cette époque que Coltrane explose littéralement et va produire, entre autres, ses premiers enregistrements en tant que tête d’affiche, parmi lesquels Blue Train, rapidement classé parmi les classiques. C’est Trane qui a composé la majorité des titres qui vont tout de suite être considérés comme des standards. Comme l’indique le titre de l’album, on est dans un disque aux couleurs blues. Ces couleurs sont toutefois grandement nuancées et influencées par le génie de l’artiste qui avoue être un fervent admirateur de la période Bleue d’un certain Picasso, dessinateur espagnol amateur de polo rayés. Bref, on n’est pas franchement dans quelque chose de banal, vous l’aurez compris, et la musique va se charger de nous le confirmer.

lundi 16 mai 2011

Fleet Foxes - Helplessness Blues ou "Comment faire de la belle musique tout en faisant un bras d'honneur aux majors"



Dans le triste paysage musical actuel, il est rare et remarquable de voir un disque digne d’intérêt sortir ET être un succès commercial. Pire ! On n’avait plus vu un groupe capable de résister, voire d’humilier une major en refusant de vendre son âme contre de la poussière d’argent et des barreaux de cage depuis un bon moment. C’est pourtant ce qu’ont fait les Fleet Foxes en refusant un contrat avec Virgin et en allant même jusqu’à reconnaître qu’ils doivent sans doute une partie de leur succès (et donc de leur audience) au téléchargement illégal. Mais qui sont donc ces Fleet Foxes, encore inconnus il y a 3 ans, acclamés par la critique et le public aujourd’hui ? Il s’agit d’un groupe de six jeunes hommes en provenance de Seattle,  emmené par un chanteur charismatique et co-fondateur du groupe, Robin Pecknold, et par Skyler Skjelset, lui aussi co-fondateur, guitariste et mandoliniste.

Helplessness Blues est leur deuxième opus et près de 2 ans auront été nécessaires pour accoucher, dans la douleur, de ce petit bijou. Pour en arriver là, il aura en effet fallu plusieurs sessions d’enregistrement étalées sur plus d’un an, traversées et perturbées par des problèmes de santé ainsi que des problèmes personnels. Pourtant, Pecknold indique avoir voulu garder de la spontanéité dans l’enregistrement des chansons en procédant dans des conditions similaires aux performances live et en acceptant du même coup la présence de quelques erreurs. Il partait ainsi dans l’idée de conserver une certaine cohérence sonore. Voyons donc ce qu’il en est.

lundi 9 mai 2011

Pink Floyd - Wish You Were Here ou "Comment rendre un poisson paranoïaque"


Quand on s’attaque à la critique d’un album d’un groupe comme Pink Floyd, il faut être bien sûr d’avoir cerné tout l’enjeu et les subtilités que cela représente. On a à faire ici à l’un des groupes les plus mythiques de tous les temps mais paradoxalement l’un des plus méconnus… Il faut bien comprendre par exemple que sans eux, ni la musique ni la drogue ne seraient vraiment ce qu’ils sont aujourd’hui. La musique de Pink Floyd, leurs paroles et leur comportement ont influencé un nombre incalculable de gens à bien des égards. J’ai pour ma part découvert leur musique à travers cet album Wish you were here au cours d’une longue nuit d’été, sur l’une de ces longues routes du sud de la France, dans la voiture d’un ami cher, le genre d’ami capable de vous montrer des choses qui vont vous influencer pour le reste de votre vie. Il avait lui-même découvert le groupe au cours de son enfance par l’intermédiaire de son père, un fervent admirateur du groupe qui regardait un de leur concert assez régulièrement. Pink Floyd, c’est donc plus qu’un groupe. Il s’agit d’un héritage qui se transmet d’être cher à être cher. On ne montre pas impunément une musique si singulière à une personne qui ne risque pas d’être influencée et changée par elle comme vous avez pu l’être. Cette musique est une expérience hors du commun, il faut être prêt à l’accepter pour la comprendre.

Le contexte, ici, est étrange. C’est après avoir conquis le monde avec leur célébrissime Dark Side of the Moon que le quatuor anglais remet le couvert entre deux tournées dans les mythiques studios d’Abbey Road à Londres. Il faut comprendre qu’à cette époque, le succès du groupe est à son paroxysme et ses membres ont tout expérimenté au cours des dernières tournées de 1973 et 1974. Ils sont à la fois adulés par la critique et par le public (eh oui, les gens comprenaient encore quelque chose à l’époque…ou ils se droguaient plus). Ils sont riches, ils sont connus et reconnus, ils ont à peu près tout ce qu’ils désirent. A ce moment-là  par ailleurs, le groupe est composé d’individualités fortes et différentes et chacune semble s’enfermer un peu plus chaque jour dans  sa bulle médicamenteuse ou chimique, de différente forme ou puissance. Syd Barrett, le fondateur du groupe, avait d'ailleurs longtemps montré la voie en matière d’expérimentation musicale et autres, finit par se faire évincer ou par s’évincer tout seul parce qu’il commençait à ne plus pouvoir faire taire les voix de la schizophrénie qui résonnaient dans sa tête, provoquées par les marées d’acide dans lesquelles il se noyait. 

lundi 2 mai 2011

Radiohead – King of Limbs ou "Comment renflouer les caisses après quatre ans de disette"


Après quatre années de bons et loyaux services, le bon vieux quintet venu d’Oxford remet le couvert, il ressort ses vielles guitares et ses nouveaux ordinateurs pour nous livrer un album électrico-cérébral à nous donner un nouveau rhume des foins. Qu’on se le dise, si leur stratégie de lancement est à peu près semblable à celle de In Rainbows dont le lancement s’était effectué sur le net dans un premier temps puis, un mois plus tard, dans toutes les grandes surfaces locales, la similitude s’arrête là. En proposant le précédent opus à un prix variable selon l’humeur de l’acheteur, le groupe avait surpris beaucoup de monde en effet, cette démarche constituant alors un véritable pas en avant dans l’ère du téléchargement. Aujourd’hui cependant, c’est bel et bien à prix fixe que l’album est délivré, un prix qui pourra avoir l’impact désiré dans le portefeuille du gentil,  mais pauvre, petit consommateur (eh oui, c’est la crise, ne l’oublions pas…). On en revient donc à quelque chose de beaucoup plus terre à terre. Fini le bras d’honneur lancé aux majors et aux maisons de disques. On se range bien, là, comme il faut, et on fait comme on nous dit. Voilà qui en dit déjà long sur ce qui nous attend avec The King of Limbs et il n’y a pas franchement pas de quoi se réjouir…

mardi 26 avril 2011

Andrew Bird - Armchair Apocrypha ou "Comment vous plonger au plus profond des méandres de l'âme humaine"


Il apparait comme évident de nos jours que l’industrie agro-alimentaro-musicale n’est plus ce qu’elle était autrefois, à savoir une industrie qui nous faisait rêver en nous vendant ce qui était à la fois un produit ET de l’art. Ce n’est plus vraiment le cas avec les daubes sous vide à réchauffer au micro-onde qu’on nous sert aujourd’hui dans les rayons joliment achalandés de nos Virgin, Fnac et autres Super U locaux. Alors oui, vous me direz, à l’époque, on n’était pas à l’abri d’un message subliminal ou deux, voire pour les plus chanceux, d’un mauvais trip sous acide, mais c’était quand même autre chose que la soupe soporifique ou hypnotique à laquelle on a droit sur les ondes des radios libres de France et d’ailleurs. Fort heureusement, un groupe de rebelles résiste encore, cloitrés dans quelques labels indépendants qui osent encore laisser leurs artistes s’exprimer. Nul besoin de potion magique quelconque ou de stratégie marketing massive, ces gens-là répandent leur son à la manière des anciens, à savoir en tournant sur le globe et en jouant leur musique à leur audience. Parmi ceux-ci, il en est un qui roule sa bosse depuis maintenant près de 13 ans et qui, au fil des ans, a su devenir un des meilleurs, sinon LE meilleur performeur live du moment. C’est d’ailleurs lors d’une de ses représentations que j’ai découvert le bonhomme, dans une petite salle du sud de la France où il a envouté l’ensemble de son auditoire, à savoir les quelques 70 personnes présentes ce soir -là. Deux ans plus tard,  c’est avec joie que j’apprenais qu’il remplissait l’Olympia dans la tournée promouvant son Armchair Apocrypha dont j’ai choisi de vous parler aujourd’hui. C’est donc après le succès de The Mysterious Production Of Eggs et avec cet Armchair Apocrypha sorti moins de 2 ans plus tard, que Bird à continuer d’accroître son succès public et d’asseoir un succès critique acquis depuis longtemps, mais venons-en au fait…

mercredi 20 avril 2011

Miles Davis - Miles Ahead ou "Comment approcher la perfection en 10 étapes"


Peu après la sortie de Birth of Cool, et pour son 2ème opus sous le label Columbia Records, Miles et son nouveau compère Gil Evans se retrouvent dans ce qui est pour moi un chef d’œuvre de la musique moderne et probablement l’un des meilleurs albums du boxeur/trompettiste. Ici, on laisse de côté le Miles agressif et piquant pour découvrir un Miles au bugle, impeccable et presque mélancolique. Je dis bien « presque » puisque c’est sans compter sur le caractère aimable et empli de d’une rare gentillesse de Davis qui, surpris de trouver sur la pochette originale du 33 tours l’image d’une jeune femme blanche sur un bateau, une « white bitch » pour être précis et le citer (voir figure b), la fit expressément changer par une photo sur laquelle il apparaissait (voir figure a).


Le fait que Miles soit ici au bugle et non à la trompette n’est pas la seule particularité de ce Miles Ahead. En effet, en plus d’être le seul soliste de l’album, notre bon ami est ici soutenu par un orchestre pour le moins inhabituel dans ce genre d’album puisqu’il ne compte pas moins de 5 trompettes, 4 trombones, 2 cors, un tuba, un sax et j’en passe. Bref, il ne s’agit pas ici de faire dans la demi-mesure. Voilà qui donne le ton…

mardi 19 avril 2011

Bob Dylan - Nashville Skyline ou "Comment faire de la musique country quand tout le monde attend des chants révolutionnaires"


D’une certaine manière, cet album de Dylan est l’un de ceux qui caractérisent à la fois le mieux et le moins bien la carrière du troubadour maigrichon. A la fois rempli d’affronts, de contradictions et d’oppositions diverses, il ressort de cet album un ensemble pour le moins étonnant, tout en étant rassurant, qui constitue un nouveau virage dans la carrière de Bob Dylan, virage déjà amorcé par le précédent John Wesley Harding. Ce qui selon moi reste le plus marquant dans ces 27 minutes, c’est cette couleur automnale,  cette lumière crépusculaire et chaleureuse qui semble rayonner tout au long des morceaux qui composent l’album. Mais venons-en au fait.