lundi 29 août 2011

Andrew Bird - Noble Beast ou "Comment nous redonner espoir dans la musique moderne"


« Le talent n’existe pas. Seul le travail compte » disait un jour Michel Petrucciani. Et si on se verrait bien pendre ce nabot par les pieds pour ces mots dignes d’un pétainiste avéré tant il est bouffi de talent voire même de génie, force est d’admettre qu’il n’a peut-être pas tout à fait tort. Pour démontrer la véracité de cette affirmation, il suffit d’une simple expérience. Prenez n’importe quel artiste dit « talentueux ». Portez-le à ébullition et épluchez toute forme d’autosatisfaction, de complaisance gluante et d’orgueil mal léché. Si l’artiste est toujours là, alors vous pouvez poursuivre l’expérience. Sinon, c’est qu’il s’agissait d’une coquille vide, d’imposteur en somme. Penchez-vous ensuite sur la vie dudit artiste et sur son parcours initiatique. Vous constaterez alors que derrière ce que vous pensiez être un talent fou se cache un travail considérable.

mardi 23 août 2011

Beethoven - 6ème Symphonie dite "Pastorale" ou "Comment faire de la musique classique moderne"


S’il y a bien un pays dont on ne parle pas beaucoup dans la musique moderne, c’est l’Allemagne et ses contrées verdoyantes. Et pour cause ! nos amis teutons ont rarement raflé la mise au cours du siècle en cours ou même du précédent et c’est pas les Scorpions, Motorhead ou autres Nina Hagen qui vont me contredire... Mais si j’ai envie de vous parler de ce pays méconnu et décrié aujourd’hui c’est pour une toute autre raison. Tout d’abord, ma chère et tendre est native du pays en question ce qui constitue une raison nombriliste, certes, mais vous étiez prévenus donc bon… Ensuite, l’Allemagne a vu naitre un nombre incalculable de génies musiciens au cours des siècles et une fois n’est pas coutume, j’ai choisi de vous parler de l’un d’eux aujourd’hui. Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps, on va parler de musique classique et je vous vois venir de très loin… « eh le classique c’est pas de la musique moderne ! eh pis c’est nul, c’est pour les bourges qui se parfument etc, etc… ». D’un côté, vous n’avez pas tout à fait tort. D’un autre, vous ne savez même pas de qui je vais parler, donc je serais vous, je me tairais et je lirais (et bam…). En effet, l’illustre génie dont il est question dans cette chronique n’a rien d’un has been mes agneaux puisqu’il s’agit de Beethoven et parmi les innombrables qualificatifs qui peuvent décrire le bonhomme, l’un de ceux qui vient le plus à l’esprit, après « sourd », c’est bel et bien « moderne ». Qui plus est, nous allons aborder ensemble la 6ème de Beethoven, dite « Pastorale » c'est-à-dire champêtre, simple, belle. Rien à voir avec Wolfgang Amadeus Bradwurst, alias « la saucisse de Salzbourg ».

lundi 15 août 2011

Paquito D'Rivera - Brazilian Dreams ou "Comment fuir un régime autoritaire afin de mieux promouvoir sa culture nationale"


On pourrait penser aujourd’hui (si la télévision ne nous a pas encore totalement lessivés…) que tout en ce bas monde est cause perdue, que rien n’en vaut vraiment plus la peine, que partout où l’on regarde, on ne voit que corruption et égoïsme. Pourtant, il existe une terre sacrée, baignée par le soleil et les vents que la société de consommation n’a pas encore frappé de son joug infernal. Et pour cause : un général en garde les frontières avec plus ou moins de vigueur depuis de nombreuses années. Pour de nombreux musiciens de jazz et d’ailleurs, Cuba a constitué un vivier de musiciens au talent certain bercés par une musique hors norme et titillés par un jazz américain pas si lointain. C’est par exemple le cas d’un musicien et artiste exceptionnel. Paquito D’Rivera, fils de musiciens, se construit rapidement une réputation de saxophoniste et clarinettiste prodige sur son île.

Là où ça devient intéressant, c’est que dans les années 80, D’Rivera décide lors d’une tournée en Espagne, de demander asile à l’ambassade américaine, laissant derrière lui femme et enfant. Une fois à New York, il parvient à extrader sa famille et à reconstruire sa vie grâce à des membres de sa famille mais également une communauté de jazzmen sûrs de son talent parmi lesquels on retrouve un certain Dizzy Gillespie, toujours présent lorsqu’il s’agit d’enrôler les meilleurs musiciens fumeurs de havanes de la planète. Au cours des ans, le talent de Paquito parle de lui-même et sa réputation grandit à une vitesse folle. Il devient rapidement une référence tant dans le monde du jazz que du classique.  C‘est au début des années 2000 que le cubain virtuose enregistre un live hors du commun accompagné des New York Voices pour un mélange des genres et des cultures propre à la tradition cubaine. Ce qui en ressort est ce Brazilian Dreams sensationnel.

lundi 8 août 2011

José González - In Our Nature ou "Comment un biochimiste laisse libre cours à l'artiste qui sommeille en lui"


Vous l’aurez sans doute compris, réalisé, vu (raillez la mention inutile), dans notre univers musical actuel, deux grandes catégories se distinguent : la musique dite « électrique » et la musique « acoustique ». Ce que je reproche parfois à la première catégorie, c’est que, bien souvent, les musiciens et artistes moins talentueux ou plus fainéants tentent vainement de cacher leurs lacunes sous un amas de sons en tous genres et sous une technologie traître. En effet, ceux qui pensent pouvoir dissimuler leur manque criant de talent sous une saturation démesurée ou des effets disco se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Je fais plus particulièrement référence à ces pseudos rock stars en short qui pensent jouer fort alors que si on écoute bien, tout ce qu’on entend dans leurs guitares saturées, leurs cymbales résonnantes et leur voix de merlu frit, tout ce qu’on entend disais-je donc, c’est du vent. Un souffle continu qui semble vouloir repousser la musique le plus  loin possible afin qu’elle disparaisse définitivement de notre horizon auditif. Mais je vous vois venir jeunes accros de l'électrique ! Il serait bien réducteur de s’arrêter là quand des génies de la musique moderne ont révolutionné leur monde à l’aide de ces mêmes effets : Hendrix bien sûr mais aussi les Floyd, Led Zep ou encore Police sont des exemples parfaits d’une musique pure que les volts n’ont rendue que meilleure. Plus récemment, on pourra citer des groupes merveilleux qui explorent les capacités de leurs petits appareils. On pourra par exemple penser à Ex’Odd et à leur guitariste plus efficace qu’un Gilmour sobre, à leur bassiste aux effets d’outre tombe ou encore à leur violoniste, véritable chimiste musicale ambulante.

lundi 1 août 2011

Bob Dylan - Highway 61 Revisited ou "Comment passer d'idole à ennemi public n°1"



Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, dans le monde de la musique moderne, Bob Dylan a créé l’exploit et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, et je suis assez souvent surpris de constater que peu le savent : Dylan est VIVANT ! Il n’est pas mort d’une overdose dans les années 80 ou étouffé dans son vomi dans les 70s. Le Zimm’ a survécu à toutes les décennies meurtrières du siècle dernier et de celui-ci. Ensuite, il est important de savoir que le troubadour maigrichon a suscité dans les années 60 autant voire plus d’engouement que les quatre Beatles réunis. Seulement, à la différence de ceux-ci, Zimmerman n’a jamais été un produit et a toujours refusé de se conformer aux règles imposées par les maisons de disques ou les médias. Il est resté fidèle à lui-même du début à la fin, et fort lui en a couté. Après trois albums en deux ans, Bob Dylan est devenu une icône de la musique folk, le symbole d’une génération américaine alors en pleine mutation. Les jeunes commencent enfin à s’exprimer et à protester contre le paternalisme puissant imposé par leurs ainés au début des années 60 et le folk est le vecteur idéal de cette rébellion. Un jeune gringalet d’une vingtaine d’années seulement surprend tout le monde par sa maturité et ses textes puissants et devient en quelques années la figure de proue d’une révolution en marche. Seulement voilà, la figure en question voit son succès grandir de façon vertigineuse sans trop avoir à faire quoi que ce soit. Lui-même ne se considère que comme un entertainer, un chanteur, et non comme un trublion. En 1964, il décide de commencer à introduire des instruments électrique et un groupe à sa musique folk et se met à écrire des chansons plus imagées mais au sens moins idéologique (traduisez : il se drogue). Le succès ne le quitte pas et il enfonce définitivement le clou l’année suivante avec ce Highway 61 Revisited.