lundi 10 octobre 2011

Rétrospective nombriliste: l'Oeuvre de Spada



Dans le registre "les blancs ne savent pas sauter", ou "les anglais sont gros et laids", il y a quelque chose qui me botte: finalement, les italiens savent-ils faire de la bonne musique? Ou plutot, une certaine partie des italiens est-elle profondémment attachée à la bonne musique, celle qui touche le coeur et les tripes? Celle qui ne passe pas sur NRJ entre deux blagues pourries de cet immonde porc suant qu'est Cauet et toute sa clique de faux-gays et de blondes, qui ne servent à rien d'autre qu'à faire semblant d'être farouches alors qu'en fait leur culture générale est largement dépassée par celle de Benjamin Castaldi?

J'ai vu Videocracy, il y a de cela un an. Ce documentaire est incroyable. C'est une plongée au coeur du système Berlusconi, du point de vue des média. On y voit les conséquences de la mise en place d'un effroyable système médiatique, l'avènement absolu d'une Trash TV odieuse, ou des animateurs dégueulasses sont entourés de "Velinas", ces charmantes demoiselles un peu bonnes, un peu connes, dont le rêve est évidemment d'épouser un footballeur de Serie A. Bref, ce système broie et tue dans l'oeuf toute vélléité culturelle, tout risque artistique. Aujourd'hui, des millions d'italiens ne rêvent que de passer à la télé, pour connaître une célébrité éphémère et superficielle, vide, destructrice.

Tous? Non, il existe un petit village de résistant à l'empire Berlusconnien. Et si l'on gratte un peu du côté de la musique électronique, qui est un domaine que je connais un peu, parce que moi hein, on me l'a fait pas, la musique techno je connais , bon,  d'ailleurs je l'ai vu hier et elle va plutôt bien et vous passe le bonjour. Bref, du côté electro, disais-je, il y a des ritals qui se bougent le cul, qui sortent de TRES grosses productions, du FAT! Et notamment un qui s'appelle Emmano Andrea Spadati alias Spada. 

Si j'avais à retenir 3 EP de Spada ce serait tout d'abord Arcobelani et Envinrude sortis tous les deux sur Maripoza Records et Gap, sur Blue Cola Recording.

Spada - Envinrude

Sur ces premières prods, le bonhomme a adopté dans un premier temps une techno mélodique et émotionnelle, un son froid et mélancolique, mixé à la perfection. Des histoires musicales qui basculent entre des moments de volupté aérienne et des torrents d'émotions fortes qui vous emportent quelque part entre les ombres.

Un bon Spada, c'est souvent une production parfaite. Forgée sur des beats technos synthétiques, mélés à  l'apparation de vocals; de nappes de synthé enveloppantes, profondes et violentes. Chaque beat est unique, différent, travaillé. L'ensemble est structuré, ses éléments sont destructurés. C'est un chaos maîtrisé, une saturation éparse, une douce violence.

L'artiste a été largement inspiré par la mouvance prônant une techno mélodique et profonde, orchestrée par des producteurs tels que Max Cooper, Solee ou Davis & May. C'est d'ailleurs sur les labels (Maripoza et Back Home) des ces derniers qu'il a sorti ses premières productions. Par la suite, le papillon fou a pris assez tôt son envol pour signer chez d'autres maisons: Traum, Manual Music ou Flash Recordings pour n'en citer que quelques uns. D'ailleurs ses collaborations avec Manual ont quelque chose de prolifique. Premier coup d'essai:  Happiness EP, sorte de délire techno schizophrène et joyeux, électrique et souriant. Cinq titres dansants et subtils. Mais écoutez plutôt.

Spada sort un morceau en parfaite adéquation avec son titre: ça sent le bonheur, la fête, la joie de vivre!

Autre coup de maître, cette fois sur Blue Cola. Son récent EP Gap qui était très attendu depuis la diffusion d'une vidéo sur youtube en octobre 2010 (!) où l'on voit un Bergwart Festival chauffé à blanc par un titre excitant. Ca dure 34 secondes et on reste sur notre faim. Une pensée fulgurante survient: C'EST QUOI CE TITRE? Huit mois d'attente insoutenable, une sortie en Vinyl d'abord, puis une sortie en digital deux mois plus tard, et me voilà en possession d'un EP que j'attendais depuis presque un an.

Dans ce maxi composé de trois morceaux, trois titres sortent du lot. Revue.

"Celeste" est doté d'une rythmique plutôt house d'une simplicité efficace. C'est avec les synthés que notre capitaine va nous amener à l'endroit qu'il nous a destiné. Il maîtrise très bien son vaisseau, et arrive à instaurer un voyage complet composé de plusieurs mouvements qui créent des tensions... et des résolutions. Oui, comme de la musique classique en somme: la comparaison est folle et je l'assume complètement. Au final nous obtenons un très bon titre dancefloor.

Spada - Heaven           

Sur "Heaven" ce sont des bells qui nous bercent longuement au bord d'une barque voguant sur d'onctueux nuages. Spada réussit à donner de la vitesse progressivement à cette musique, sans en augmenter le rythme. C'est fantastique. Il insère également une deuxième musique dans la première. Une voix apparait, aérienne et profonde. Gui Boratto aurait pu produire ce titre, Spada a su composé ce morceau. C'est beau, puissant, et coloré.

Spada - Gap














Andrea va s'énerver un peu plus sur le titre éponyme de l'album, "Gap". C'est le morceau que nous entendions sur la vidéo mise en ligne 6 mois plus tôt et l'écouter enfin et entièrement est un vrai bonheur. On a immédiatement envie de se lever et de danser frénétiquement. Ces coups de piano nous mettent une pression terrible. Ce morceau est une tellière qui nous explose à la gueule trois fois. Une bombe dancefloor qui pourrait ravager un stade entier.

Si vous m'avez suivis, j'ai dit que les collaboration avec Manual Music étaient prolifiques. Et justement, au moment où j'ai commencé cet article (c'est à dire il y a deux semaines), le label était fier d'annoncer le retour de Spada au sein de son écurie, pour un deuxième EP. Les attentes étaient grandes au sein de la maison qui l'a fait signer assez tôt et qui l'a vu s'envoler dans des grosses écuries. Pour reprendre les mots du label, Spada s'est encore surpassé pour sortir quatre tracks travaillées, intelligentes et toujours autant emplies d'émotions.


"Lair" démarre sur un kick lourd et enveloppant. Spada a pris l'habitude d'insérer des vocals depuis quelques temps, comme dans cette track. Une voix androgyne se pose sur le beat robotique du producteur.  Elle est emplie d'une nostalgie profonde. Des nappes de synthé flottantes donne au tout une touche mélodique. Un titre planant.

J'ai préféré "Green". Nous sommes pris d'office par l'amplitude musicale et la douce puissance qui émane de ce titre. Le genre de track qui transforme un dancefloor en séance de médidation et de plénitude émotionnelle. Parfois j'ai l'impression de retrouver l'état d'esprit psychédélique des années 70 dans le mouvement électronique d'aujourd'hui. Spada me le confirme régulièrement avec ce genre de production. Sur "Affin To You My" l'italien est resté un peu trop calme à mon goût. "My Bloody Valentine" est superbe: une mélodie inspirée, qui nous met bien en tension et nous balade violemment sur attelage de synthés saturés et enveloppés. C'est puissant.

Spada est une valeur sûre, un bon produit de terroir italien, une sorte de jambon serrano un peu rare, dont on est sûr que chaque tranche sera exquise et délicieusement salée. J'ai l'intime conviction qu'actuellement, seule la musique techno est à même de faire du Dancefloor le plus belle endroit de la terre. Des types de sa trempe me font croire que j'ai (peut-être) raison.
Rappel des courses pour lundi:

Happiness EP (iTunes)
01. Hello (05:11)
02. Happiness (05:10)
03. Bells (06:21)
04. Planar (03:44)
05. Goodbye (06:33)



Spada - Arcobelani (original mix) (Beatport)


Gap EP (iTunes)
01. Gap (06:01)
02. Celeste (5:53)
03. Heaven (7:26)


Affin To You EP (Beatport)
01. Lair (5:08)
02. Green (5:11)
03. Affin To You (4:19)
04. My Bloody Valentine (7:11)


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